L’ouragan Vatican II souffle-t-il encore?
Quelque 50 ans plus tard, ne reste-t-il que des têtes blanches pour rappeler ce fameux concile qui dérange encore l’institution ecclésiale? Voici quelques brefs échos des rencontres marquant cet anniversaire.
Vatican II a été le coup d’audace d’un pape pasteur animé par ce Souffle imprévisible qui ouvre les fenêtres de nos sécurités. Un coup de pied dans les tables du système impérial de pouvoir qui enfermait le Souffle. Quelque 50 ans plus tard, plusieurs rencontres, qui rassemblent surtout des têtes blanches, essaient de voir si ce Vent de tempête souffle encore sur nos terres. J’ai assisté à deux d’entre elles : à la librairie Paulines, le 11 octobre, et au Centre Saint-Pierre, le 24 octobre.
« L’Église est en retard de 200 ans! Aurions-nous peur? »
Cardinal Carlo Maria Martini
Bien sûr, on y fait le tour des grandes fenêtres ouvertes – ouverture sur le monde, dialogue œcuménique, pluralisme religieux, justice sociale, Église peuple de Dieu et collégialité… liberté de conscience. Le Vatican ayant manqué le tournant de la modernité lors de la Réforme protestante, enfermé sur lui-même et l’absolutisation de son discours, toute l’Église « prenait le tournant » avec ce concile, affirme Louis Rousseau, professeur en sciences des religions à l’UQÀM. Pour lui, ce virage majeur a été contredit par la publication de l’encyclique Humanæ vitæ par Paul VI sur le mariage et la régulation des naissances, en juillet 1968. Presque en même temps que les événements sociopolitiques de mai 1968, qui marquaient une rupture radicale avec les institutions traditionnelles. Cette position rigide a enclenché le départ d’un grand nombre de catholiques, à commencer par les femmes qui refusaient ce totalitarisme. En ce temps-là, le Québec était déjà entré dans la Révolution tranquille.
Arianne Collin, jeune convertie et animatrice de pastorale sociale au diocèse de Montréal, avoue pour sa part qu’elle n’entend presque jamais parler de ce concile dans les rencontres ecclésiales de formation et de ressourcement. Ce qu’elle vit présentement comme déléguée jeunesse au Conseil national de Développement et Paix, qui vit une crise majeure d’identité et d’autonomie, lui démontre que les évêques ont bien éteint l’esprit de Vatican II. Et à la rencontre au Centre Saint- Pierre, Raymond Levac, directeur du centre, a déploré vivement, dans son intervention, ce qu’il a appelé « le massacre de Développement et Paix », institution issue du concile Vatican II.
« L’Église est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont vastes, nos maisons religieuses sont vides, et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos habits sont pompeux […]. Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s’éloigne, empli de tristesse, alors que Jésus l’appelle à devenir son disciple », affirme le cardinal Carlo Maria Martini1.
1. Tiré de l’entrevue publiée dans le journal La Croix du dimanche 2 septembre 2012. Voir : www.la-croix.com.
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Quel souffle d’espérance que le présent Sentiers de foi plus qu’info, il est invitation à la méditation toute laïque, issue de Vatican II, les manchettes tout autant percutantes de l’une à l’autre nous donnent à rêver que bétonnière église romaine saura enfin entendre ce feu cardinal Martini… se laisser émoustiller par les grands cris de croyants croyantes hors églises hors théocratie et autocrate infaillibilité… mais qui disent si humainement bien ce Jésus, modèle d’humanité, qui, au prix de sa vie de crucifié, nous rappelle: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Jean Paul Premier, pape martyr-assassiné (ignoré et gardé sous silence vaticanesque de curie romaine ou d’incurie ceinturons couleur arc-en-ciel) aurait dépassé l’aggiornamento de ce bon pape Jean XXIII et désarçonné l’apeurisme de Paul VI, pape aux grandes idées pour donner suite à Vatican II… mais rapidement ficelé par l’autoritarisme, l’intégrisme, le conservatisme de ces épiscopes poubellant le souffle Vatican II… signera de mains tremblantes Humanae Vitae…
Quel plaisir de lire « Bigger than Jesus », « Messe au théâtre », « Jésus plus grand que culture », « Je vous salue Mariette » (qu’une église ouverte à l’Esprit aurait du ordonner), « L’ouragan Vatican II existe-t-il encore? »…
Plus d’un, plus d’une chez Sentiers de foi savent entendre le « nous sommes 200 ans en retard » de feu cardinal Martini… aller droit devant, brandir « liberté des consciences ». « Je ne suis pas venu pour vous juger, mais vous donner la vie en abondance. » « Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau, mon joug est doux et léger. »
Je vous ai lu avec passion et grand intérêt. Grand merci, Sentiers de foi.
Réal Boucher, Trois-Rivières