« Je suis une révolution »
Un peuple en marche entreprend une démarche symbolique dans une église désacralisée : une véritable catharsis.
« Pol Pelletier occupe une église pendant un mois », proclame l’affiche. « La femme de théâtre radicale, célèbre féministe, écrivaine, pédagogue et néo-clown a annoncé qu’elle occupera une église catholique désacralisée pendant un mois », poursuit le communiqué. Le 14 novembre dernier, j’ai participé à l’événement « Je suis une révolution » dans l’église vide Sainte-Brigide-de-Kildare en plein Centre-Sud de Montréal. Comme décor, un grand « espace religieux » désert dont les autels, latéraux et central, ont été démolis. Les cicatrices sont très visibles. C’est un choc visuel. Un événement exceptionnel et très intense. Nous étions une soixantaine, beaucoup de jeunes et de carrés rouges.
Pol Pelletier a suivi le schéma biblique de la sortie d’Égypte du peuple hébreux; elle a bien nommé les étapes : « On va traverser la mer Rouge et le désert ensemble (référence au peuple québécois), affronter les obstacles, des serpents et des scorpions, la soif et la faim, et atteindre la terre promise… », pointant le chœur surélevé au loin. « Quels rêves, quelles terres promises vous habitent? », a-t-elle demandé. L’orgue de 2 millions de dollars, comme elle dit, n’étant pas encore démantelé, il accompagne avec puissance une première marche du peuple qui se déplace avec chaises, manteaux et casseroles, cris et tintamarre. Rappel de la Révolution du printemps érable. Arrivés dans le chœur, c’est l’échange de nos impressions intérieures : force, énergie, mais aussi confusion sont les mots qui reviennent. Puis, retour en désordre au départ comme après une défaite.
Cette fois-ci, la traversée se marche en silence, toujours guidée par Pol « Moïse » Pelletier. Orgue encore envahissant l’espace à occuper par nos pas. Mêmes questions de départ : « C’est quoi la terre promise qui nous habite le ventre? Est-ce qu’on y croit? » Rendu dans cette « terre promise », nouvel échange sur la différence ressentie. Des mots jaillissent : justice, paix, dignité, liberté, harmonie sur la terre. Une place pour tous et toutes en toute dignité. À la fin, elle a confié au « peuple en marche » : « Après les événements du printemps et les casseroles dans la rue, tout est redevenu calme, à la « normale »… J’ai vraiment l’impression que notre peuple est en train de mourir, de disparaître… Faut libérer la force de la parole. »
J’ai été très ému par cette catharsis, comme elle a nommé cette marche. Devant les autels démolis et les églises fermées, je me suis dit : « La gloire de Yahvé a quitté le temple. Elle n’est plus ici. Ni à Jérusalem ni à Rome. Elle est dans chaque être humain, dans la communauté, chez les indignés qui se lèvent, dans toute l’humanité et le Cosmos. Adorer en Esprit et en vérité… »
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Si je comprend bien, c’est que nous allons nous réfugier dans l’individuel?
(Jean-Pierre Bonhomme). La gloire de Yih’weh, alias le Royaume de Dieu, est à l’intérieur. Il n’est pas question de refuge ni d’individuel. Il est question de retrouver, de me réapproprier qui je suis. Et d’agir en conséquence en suivant le mouvement de mon cœur. Ce mouvement me propulse vers les autres et la communauté (encore faut-il la trouver; où est-elle?). Certes pas dans la brique! Paix!
Paix et Joie, peuple en marche… Tu découvres et entends à nouveau le message de Jésus: « Vienne ce temps où les vrais adorateurs le seront en esprit et en vérité »… Place à la prière du cœur en présence à toute l’humanité confinée en son désert… en quête d’oasis, du beau, du bon, du vrai à partager pour assouvir nos grandes soifs d’un devenir meilleur, solidaires les uns des autres en ce pèlerinage terre-cosmos-univers… pèlerins et étrangers en ce monde à la façon de François, ce grand d’Assise…
Développement et Paix… quelle tristesse… Qui réussira à réveiller nos évêques à l’esprit trop serré par leur ceinturon vaticanesque et qui s’annoncent déconnectés du « vrai monde » en marche vers cette terre promise qu’ils espèrent se rapatrier…
Paix et Joie, peuple en marche… Retrouve ta candeur d’enfant… Tu y reconnaîtras toutes ces valeurs que l’enfance sait privilégier… et semer…
Réal Boucher, Trois-Rivières
Enfin de la lumière, Alléluia!
J’imagine toujours Jésus qui se tourne vers Pierre. Délicatement avec son index, Jésus martèle le cœur de son disciple et qui lui dit: «Pierre, c’est sur cette pierre que je construirai mon Église.»
«Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre?… Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements: «Je vais faire venir en vous un souffle pour que vous viviez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, j’étendrai sur vous de la peau, je mettrai en vous un souffle et vous vivrez.» (Ézéchiel 37)
Paul, dans sa Première épître au Corinthiens 3, n’a-t-il pas dit clairement dit que le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habitent en nous? Pourquoi alors construire des châteaux, froid comme le roc, sans vie, cordé en discipline de fer devant l’homme en robe et n’ayant même pas le temps de méditer, d’échanger et de comprendre la parole du Christ que nous voilà debout, assis, debout, à genoux, debout, partie, la messe est finie.
Aimons-nous nous-même et il sera facile de s’aimer les uns les autres par la suite. Les temples, nos châteaux d’églises, ont leurs utilités, ainsi que le gouvernement du Vatican, mais le christianisme doit être avant tout une force intérieure et, ensuite, elle se manifestera dans la communauté par l’intermédiaire de l’Esprit Saint. La force de l’amour provient de la souplesse de l’être.
Un ami prêtre me dit souvent: «Allumons notre petit feu. Nos églises sont des cendres, mais le tison rouge brûle encore. Allumons notre petit feu avant que le tison s’éteigne. Lorsque pleins de petits feux brûleront sa formera un grand feu de joie!»
Amen amen amen †